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De Flores à Lanquin

Tout commença par la sonnerie d'un réveil un matin de mai aux environs de 5h.
Rien ne prédisait qu'un tel enchainement d'évènements constituerait mon trajet d'environ 150km à vol d'oiseau.

Tout commença comme prévu, je suis arrivé au terminal de bus peu avant 6 heures, m'étant renseigné la veille sur les départs de bus.
Je monte donc dans le premier bus pour la première étape de mon trajet : Sayaxche et la traversée de la rivière en bac. Jusque là tout va bien ou plutôt comme prévu, puis je prends un minibus pour aller à Raxrujà à mi chemin environ de ma destination.
Arrivé à cette deuxième étape on veut me diriger vers un minibus pour Coban pour ensuite changer pour Lanquin. Ce n'est pas ce que je voulais faire, c'est à dire aller directement à Lanquin qui est plus proche que Coban par la route Est. On me dit que c'est trop tard et que de toutes façon c'est plus rapide par Coban.

Je continue de me renseigner et trouve un chauffeur qui me dit, mais si c'est possible par la route Est, faudra changer encore et c'est plus long. Le chauffeur étant plus agréable et la possibilité de passer par la route que je voulais me satisfais, je monte donc dans ce troisième minibus de la journée.
Quelques temps après (je n'ai pas pris l'habitude de regarder l'heure régulièrement) il me dépose à Sebol et me dit d'attendre le prochain bus qui prendra la route au sud vers Lanquin (lui allant à l'Est). Je demande combien de temps je dois attendre, et là grand vide, 30 min, 1h, 2h, personne (ni le chauffeur, ni les passagers) ne peut me renseigner avec autre chose qu'une hypothèse.
Je me retrouve donc au carrefour de deux rues dans un petit village.
Je me renseigne auprès des gens autour, et finalement un médecin qui se trouvait au niveau d'un poste de contrôle de police m'apprend qu'il y a bien un bus pour Lanquin, mais qu'il est déjà passé... Je suis donc à pieds.

Je retourne donc à mon carrefour et attends le passage d'un véhicule pour faire du stop, il n'y a vraiment pas foule.
Après quelques (longues ou pas) minutes, un camion s'arrête et me propose à défaut de m'amener à destination de m'avancer sur le chemin. Je grimpe, et discute avec l'homme qui se trouve également à l'arrière.
La route est très mauvaise, à vrai dire, elle est en travaux, ils sont en train d'élargir l'ancienne route pour en faire une plus large à travers les montagnes. Virages, ornières, caillasse, boue (oui c'est la saison des pluies) et tout ce qui va avec accompagent le voyage, jusqu'à un ensemble de cabanettes au bord de la dite route en travaux.
Quelques renseignements s'imposent, je dois donc marcher sur cette merveilleuse route de montagne (décrite avant) en montée pendant environ 2km pour arriver à la zone de travaux et voir s'il y aurait un camion ou autre véhicule qui m'aiderait à continuer mon chemin. Je me mets donc en route. En chemin je discute avec un travailleur qui m'apprend que ça fait presque 3 ans que la route est en travaux, et que c'est pas près d'être fini. Je continue encore croise pas mal de travailleurs tout le long du chemin, m'arrête discute, raconte pourquoi je suis à pied etc. Puis une camionette vient à passer, elle m'avancera de 2km, c'est toujours ça.
Il commence à pluvioter, rien de bien grave. Je continue ma marche, encore, encore...

Je m'arrête discuter avec un homme qui trouvait bizarre que je continue de marcher, alors que la pluie allait arriver, il n'avait pas tord, quelques secondes plus tard il se met à tomber des cordes, j'enfile ma veste imperméable et il me propose de me raccompagner en arrière de 300 mètres pour me mettre à l'abri.
Voyant cette pluie tropicale, je dépose mes affaires et discute. L'heure passe.

Mes sens en alerte m'avertissent d'un bruit de moteur derrière la pluie battante. J'aperçois un pick-up, ni une ni deux, dans un réflexe je siffle suffisament fort pour que le véhicule s'arrête, je cours sous la pluie dans la boue jusqu'au chauffeur pour voir s'il est possible de continuer avec. L'affirmative me réjoui, je cours chercher mes sacs, enveloppe le gros dans sa house, et le dépose à l'arrière du pick-up, la house serait-elle suffisante sous cette pluie, affaire à suivre. Je monte rejoindre la famille dans l'habitacle.
Il ne faut pas plus de quelques minutes pour que je me retrouve avec des tortillas, des légumes, du jus d'ananas et un dessert dont j'ai oublié le nom.
Nous discutons brèvement, mon espagnol ne me permet pas encore de tenir bien longtemps une conversation. On parle du paysage, des croisements d'autres véhicules et d'un peu tout.

Nous dépassons les travaux, et la retrouvons l'ancienne route de terre assez étroite qui nécessite de nombreuses marches arrières (on ne peut croiser un camion sans avoir à trouver une zone plus large).
La pluie s'arrête et reprend à plusieurs reprise, les montagnes sont magnifiques, les villages charmants, le voyage continue, le soleil perce les nuages, et le décors prend encore plus des allures de peintures, d'aquarelles avec l'humidité ambiante...
Les aiguilles tournent...

Finallement nous arrivons à la dernière intersection pour Lanquin, je descends, remercie dit au revoir, de grands sourires dans les deux sens.
Je me dirige vers un camion qui est en train de charger du monde, ils me proposent de m'amener à Lanquin.
En chemin j'aide à décharger les fruits et légumes à différentes reprises. La bonne humeur est de mise, nous finissons par ravitailler quelques marchants du marché de Lanquin et le camion s'arrête devant l'hotel bungalow auberge de jeunesse dans laquelle je prevois de passer la nuit. Au revoir merci beaucoup.
J'entre, il y a de la place, je pose mes affaires. Et mon sac est sec (merci la house).

Il est 16h, il m'aura fallu plus de 10h pour rejoindre El Retiro (le nom du logement), pas étonnant avec un nom pareil que je mette autant de temps.
Une bonne douche me permet de me débarrasser de la boue qui couvre la moitié basse de mes jambes, lavage des tongues au passage.

Ma journée peut enfin commencer, je me dirige vers le village, petit tour au marché pour acheter légumes, discuter avec le vendeur, passage par l'église où je reste à discuter. Il est l'heure de manger, petite cuisine locale pour un plat bien garni.
Ma journée se termine, je profite un peu plus longtemps de la place car la pluie tombe à transformer la rue en torrent.
Rien de tel pour finir une telle journée.
Retour à l'hotel, le temps d'écrire ce texte et je vais aller me reposer pour attaquer une nouvelle journée demain.

Certains qualifieraient cette journée de journée de m*****, pour ma part, j'ai adoré, plein de rencontres, de beaux paysages, et de péripéties agréables...
Le chemin n'était pas facile, mais c'est celui que je voulais faire, sans passer par 2 bus touristiques qui m'auraient au final coutés quelques heures de moins et quelques euros de plus pour arriver à bon port, mais bien sûr sans tout ce qui a fait le bonheur de ma journée. (La navette touristique de Flores à Lanquin coute 12.5 euros, mon trajet m'a couté 5.5 euros)

Même s'ils ne me liront pas, merci à toutes celles et tous ceux dont j'ai croisé le chemin aujourd'hui.

Aller on remet ça ?
La prochaine fois il y aura peut-être des photos (si la pluie ne vient pas se mêler et s'il est facile de sortir l'appareil). Cette fois-ci les images sont bien ancrées dans ma tête, ça c'est sûr !